
La police thaïlandaise a confirmé jeudi 27 mars l’interpellation à l’aéroport de Phuket d’un complice présumé de Mohamed Amra, trafiquant de stupéfiants multirécidiviste arrêté en Roumanie en février, a été interpellé mercredi en Thaïlande. L’homme a été incarcéré à Bangkok.
La police a dit avoir « arrêté un ressortissant français lié à une organisation criminelle transnationale impliquée dans une violente évasion de prison qui a entraîné la mort d’agents pénitentiaires ». Les autorités ont précisé avoir annulé son visa de tourisme, émis à son arrivée à l’aéroport international de Phuket le 8 février dernier, avant l’émission de la notice Interpol à son sujet.
Adonis C., considéré comme « très proche » de Mohamed Amra par les enquêteurs, était en fuite et recherché dans le cadre de l’information judiciaire instruite à Paris. Cette interpellation vient s’ajouter aux vingt-quatre nouvelles interpellations effectuées lundi (vingt-deux en France et deux en Allemagne) dans le dossier tentaculaire de l’évasion sanglante de Mohamed Amra au péage d’Incarville (Eure), au cours de laquelle deux agents pénitentiaires avaient été tués et trois autres blessés, le 14 mai 2024.
L’homme a été repéré dans les sous-districts de Kamala et de Patong, hauts-lieux touristiques de l’île de Phuket (sud), ont précisé les forces de l’ordre thaïlandaise. Son extradition en France est attendue la semaine prochaine, selon une autre source proche du dossier.
Son avocat, Me Joseph Hazan, a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) que son client s’était en fait rendu aux autorités. « Il s’est présenté de lui-même auprès des autorités thaïlandaises avec qui nous sommes en contact depuis plusieurs jours. Il n’a à ce stade fait aucune déclaration et s’expliquera devant les juges français », a-t-il dit.
Six personnes suspectées de faire partie du commando
Jusqu’à présent, vingt-sept personnes, dont Mohamed Amra, ont été mises en examen. La plupart ont été placées en détention provisoire, à l’isolement. Parmi les placés en garde à vue lundi figure le rappeur Koba LaD qui, incarcéré dans une autre affaire, avait été extrait de sa cellule. Sa garde à vue était toujours en cours jeudi soir, selon une autre source proche du dossier. Jeudi matin, huit personnes sur les vingt-deux interpellées en France lundi étaient encore en garde à vue, selon une autre source proche du dossier.
De son vrai nom Marcel Junior Loutarila, Koba LaD est actuellement en détention provisoire en attendant d’être jugé pour homicide involontaire aggravé, quatre mois après la mort d’un de ses passagers dans un accident de voiture en septembre 2024 à Créteil. En janvier, il a été condamné à quinze mois d’emprisonnement par le tribunal correctionnel de Melun (Seine-et-Marne) pour des violences commises en 2022 sur son manageur historique, que le musicien accuse de l’avoir escroqué.
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Dans cette enquête gigantesque aux multiples ramifications menée par la police judiciaire, les chefs de mise en examen – meurtres, tentatives de meurtre, évasion, le tout en bande organisée, et association de malfaiteurs – font encourir la réclusion criminelle à perpétuité « pour les plus élevés d’entre eux », avait détaillé en conférence de presse le 7 mars la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau.
Parmi les mis en examen figurent, selon les enquêteurs, des membres présumés du commando qui a attaqué aux fusils d’assaut le fourgon pénitentiaire qui transportait Mohamed Amra lors d’un transfèrement. Le fourgon avait été bloqué au péage normand par deux véhicules du commando. La scène extrêmement violente et rapide avait été filmée par les caméras de surveillance de la barrière de péage.
Outre Amra, six personnes sont suspectées d’avoir fait partie du commando : deux guetteurs – dont l’un a aussi conduit un véhicule – deux autres conducteurs de véhicule et deux passagers. Parmi eux, Fernando D. C., 32 ans, surnommé « Abe », interpellé fin février dans une luxueuse villa dotée d’un important dispositif de sécurité à Mijas, dans la province de Malaga (sud de l’Espagne), puis remis à la justice française, et placé en détention provisoire. Mais aussi des personnes semblant avoir un rôle plus secondaire : aide à la préparation d’autres tentatives d’évasion d’Amra, à son évasion effective le 14 mai (vol de véhicules par exemple), à sa fuite (location d’appartements, etc.) ou à la fuite des autres membres du commando.
« Black Manjak Family »
A également été mis en examen Saïd Agouni, déjà condamné pour l’attaque d’un fourgon blindé en 2011 en compagnie du braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd. Deux autres suspects dans ce dossier sont « en attente d’extradition » du Maroc, avait aussi précisé Mme Beccuau et un autre « fait l’objet d’une notice Interpol ». Ce qui correspond à l’homme interpellé en Thaïlande.
Interrogé sur l’implication éventuelle de membres de la « Black Manjak Family » (BMF), présentée comme une organisation criminelle basée en Normandie et spécialisée dans les stupéfiants avec de possibles liens avec Koba LaD, le directeur national de la police judiciaire, Christian Sainte, avait dit, le 7 mars, que certains suspects avaient « des liens de proximité » entre eux. Selon une source proche du dossier, un « certain nombre de suspects appartiennent » à la « BMF », qui serait d’abord une « sorte de label, un signe de reconnaissance autour de Koba LaD ».
Mohamed Amra est, depuis sa remise à la justice française fin février, incarcéré à l’isolement dans la prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe (Orne).