
L’animateur Cyril Hanouna va poursuivre La France insoumise (LFI) en justice, a annoncé mercredi 12 mars son avocat à l’Agence France-Presse (AFP), en réaction à une campagne de communication mettant en scène l’animateur et qui a déclenché des accusations d’antisémitisme, récusées par le mouvement de gauche radicale.
« C’est une caricature qui nous ramène aux heures les plus sombres. (…) Il n’y a aucun doute, c’est fait sciemment », a estimé l’animateur dans son émission sur Europe 1 mercredi. « Ce qui pose énormément de problèmes, c’est qu’ils aient trafiqué mes traits pour qu’ils correspondent » à l’affiche d’un film antisémite de 1940, a encore accusé l’animateur. Après la publication de l’image par LFI, nombre d’internautes ont fait un parallèle avec l’affiche du film nazi Le Juif éternel (ou Le Péril juif). « On va faire une action en justice, on a énormément de chances de gagner », a-t-il ajouté dans son émission « Touche pas à mon poste » (TPMP). « Ca va très bien, ça me touche pas du tout. Ca me touche, pour tous les juifs de France », a-t-il dit, qualifiant LFI de « bien pire que l’extrême droite ».
Le visuel incriminé avait d’abord été mis en ligne sur le compte X de LFI, qui l’a depuis retiré. Il montre le visage de Cyril Hanouna, d’origine juive tunisienne, en noir et blanc, sourcils froncés et air agressif, au-dessus des messages « Manifestations contre l’extrême droite, ses idées… et ses relais ! » et « Partout en France 22 mars ».
« Nous préparons des actions judiciaires », a déclaré à l’AFP l’avocat Stéphane Hasbanian, invoquant l’« atteinte à l’image » et disant réfléchir à « d’autres actions liées à l’antisémitisme ». « C’est un photomontage », a dénoncé Me Hasbanian. « On a accentué les traits de Cyril Hanouna pour le faire ressembler à quoi ou à qui », a-t-il dit.
« Codes des caricatures antisémites »
Avec cette affiche, « LFI recycle l’iconographie antijuive », a estimé la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme sur X. « Mille autres images auraient pu représenter l’extrême droite. LFI a choisi un juif et lui a fait nez crochu », a affirmé l’Union des étudiants juifs de France. « Pas besoin de beaucoup connaître l’histoire pour savoir que cette iconographie est typiquement antisémite », a renchéri Yonathan Arfi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France. Cette « image emprunte tous les codes des caricatures antisémites », a abondé l’ex-sénateur socialiste David Assouline.
D’autres personnalités, à l’instar de Jules Torres sur X, chroniqueur de CNews et d’Europe 1 et journaliste du Journal du dimanche (JDD) – trois médias dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré –, ont dressé un parallèle avec des affiches antisémites des années 1930-1940. C’est notamment ce que montre le bédéiste et écrivain Joann Sfar sur son compte Facebook, en publiant un post dans lequel il met en parallèle l’affiche créée par LFI, et des images, écrit Joann Sfar, affichées « sur les murs de Paris sous Pétain ».
Sollicitée par l’AFP, LFI a dénoncé des « accusations nauséabondes » qu’elle impute « essentiellement » à des « militants d’extrême droite relayés par CNews, Europe 1 et le JDD ». LFI a par ailleurs déclaré avoir remplacé le visuel pour y « mettre un terme ». Le mouvement souligne en outre que sa campagne pour appeler à manifester le 22 mars comprend des « visuels avec plusieurs personnalités médiatiques », comme le présentateur de CNews Pascal Praud, « qui contribuent au relais des idées d’extrême droite ».
« C’est mettre des cibles dans le dos de ces journalistes, de ces hommes politiques ou de ces personnalités », a réagi le garde des sceaux, Gérald Darmanin, sur CNews. « J’espère que ces manifestations pourront être interdites par les préfets », a-t-il ajouté.