
Les organisateurs du séminaire de rentrée des députés du Rassemblement national (RN), les 14 et 15 septembre à Paris, ont ajouté au programme du week-end un bref module : il concerne l’utilisation de leur avance de frais de mandat (AFM). Ce ne sera pas inutile, compte tenu des révélations de Mediapart sur les dépenses de la députée RN du Pas-de-Calais Christine Engrand, et les réponses apportées par cette dernière.
Selon le site d’investigation, l’élue de 69 ans, qui est députée depuis juin 2022, a consacré, en deux ans de mandat, plus de 10 000 euros d’argent public à des dépenses personnelles. Pour les motifs suivants : frais de garde de ses deux chiens, abonnement mensuel à un site de rencontre et des frais d’obsèques. Des dépenses qu’elle affirme avoir remboursées à l’Assemblée nationale, après avoir été dénoncée par un ancien membre de son équipe parlementaire aux services administratifs du Palais-Bourbon.
Cet ex-collaborateur avait également signalé les faits à des représentants du RN, écrit Mediapart, sans que cela suscite de remontrances, affirme Christine Engrand. La députée a d’ailleurs été réinvestie et confortablement réélue lors des dernières élections législatives, dès le premier tour, le 30 juin.
« C’est pas du tout rentable »
« Je n’ai reçu aucune formation [sur les frais de mandat] en 2022. Je reconnais que j’aurais dû mieux lire le livre », a-t-elle dit à Mediapart. C’est d’ailleurs ce en quoi consistera le rappel du parti à ses députés : lire le code de déontologie, où l’interdiction d’utiliser cette enveloppe pour des frais personnels est énoncée très clairement. Une somme d’argent public, 5 950 euros par mois, que Mme Engrand trouve, par ailleurs, très insuffisante : « L’enveloppe que l’on nous donne, je trouve qu’elle est très très “short”. C’est pas du tout rentable. »
Concernant la garde de ses chiens, la députée reconnaît de surcroît avoir ponctuellement demandé à ses collaborateurs parlementaires de les conduire à leur pension, mais dit avoir trouvé la solution à ce problème de garde : elle ne viendra plus que deux jours par semaine à l’Assemblée nationale, afin de concilier les règles déontologiques, la garde de son labrador et de son caniche, et ses finances personnelles. Ancienne directrice commerciale, Christine Engrand déplore avoir « perdu en pouvoir d’achat » après son élection et ne pas s’y retrouver.
Elle n’a pas donné suite aux sollicitations du Monde et son bureau a publié un communiqué expliquant : « Madame la députée ne conteste pas ces maladresses de début de mandat. (…) L’ensemble des dépenses signalées ont ainsi été remboursées depuis plusieurs mois déjà. » Une communication mieux cadrée que sa réponse initiale, qualifiée de « lunaire » par un collègue député lepéniste. « Pas de commentaire », préfère-t-on formuler dans l’entourage de Marine Le Pen.