
PARIS PREMIÈRE – LUNDI 15 JUILLET À 21 H 55 – SÉRIE
Faisant mine de s’autoflageller, Hollywood aime à exposer ses péchés et ses perversions. Remake d’un long-métrage de George Huang (1994), Swimming With Sharks (« nager avec les requins »), aurait pu mettre à jour ce rituel expiatoire en y incorporant les nouvelles superpuissances du cinéma qui ont migré de la Silicon Valley à Beverley Hills. Au bout du compte, la série se satisfait de sa condition de mélodrame outrancier, porté par des interprètes prêts à tout, émaillé de références à l’actualité qui donneront aux connaisseurs l’impression de faire partie du grand nœud de vipères du cinéma.
Lou Simms (Kiernan Shipka, qui fut jadis Sally Draper, fille de Don et Betty, dans Mad Men), vient d’être embauchée par Fountain, grand studio hollywoodien, de ceux dont on passe les grilles pour longer d’interminables alignements de hangars. Elle doit y assister Joyce Holt (Diane Kruger), reine glaciaire de l’entertainment, dirigeante mais pas propriétaire de Fountain – c’est un vieillard cacochyme et pervers, Redmond Isaacson (Donald Sutherland, dont la présence, dans l’un de ses derniers rôles, suffit à justifier la vision d’au moins les deux premiers épisodes) qui tient les cordons de la bourse.
Héritière d’une longue lignée de jeunes ambitieuses prêtes à tout pour se faire une place dans une société qui ne veut pas d’elles, Lou Simms entreprend aussitôt d’attirer l’attention de Joyce Holt. Celle-ci est en train de courtiser une autrice de fiction pour jeunes adultes qui se refuse à céder les droits de son dernier best-seller. Alors que le fringant bras droit se casse les dents, Lou offre son corps à la concupiscence de la romancière qui, impressionnée par ce qu’elle croit être une manœuvre amorale de Joyce Holt, signe aussitôt le contrat qu’on lui tendait depuis des semaines.
Bande sonore anxiogène
Les six brefs épisodes de Swimming With Sharks sont ainsi faits de provocations à l’intention du bourgeois qui ne connaît rien de l’industrie cinématographique, de transgressions soigneusement calibrées pour ne pas enfreindre les normes actuellement en vigueur. En avançant, le récit finit par donner de bonnes raisons d’être à une bande sonore anxiogène qui détonne d’abord avec le ton satirique de la série. Dans un premier temps, on peut s’amuser à déchiffrer les représentations à peine cryptées de figures hollywoodiennes.
On reconnaîtra en Redmond Isaacson certains traits de Sumner Redstone, le défunt patron de Paramount, mêlés au priapisme répugnant de Harvey Weinstein. Joyce Holt est bien sûr impitoyable, prête à tout pour préserver ses intérêts – comme l’ont été les rares patronnes de studio. C’est aussi, grâce à Diane Kruger, une âme perdue, qui espère compenser le vide de son existence par une maternité qui ne cesse de lui échapper.
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