Table of Contents
LA LISTE DE LA MATINALE
Avant le lancement des spectacles de fin d’année, le mois de décembre est riche en propositions dans tous les domaines des arts de la scène. Un Shakespeare dépouillé à Lyon, un Soulier de satin quasi intégral à Paris, un Polifemo étourdissant à Versailles, une Alison Wheeler irrésistible en tournée, une effervescence de rendez-vous pour enfants au Havre… De quoi occuper de belle manière les longues soirées en attendant Noël.
THÉÂTRE
« Haribo Kimchi », la cuisine théâtrale de Jaha Koo
L’artiste sud-coréen Jaha Koo s’était déjà fait remarquer, en 2019, en donnant la vedette de son spectacle Cuckoo à des rice cookers, ces robots ménagers présents dans toutes les cuisines d’Asie du Sud-Est. Avec sa nouvelle création, il transforme le théâtre en pojangmacha, ces gargotes ambulantes typiques des rues sud-coréennes, repère des noctambules de toutes sortes. Le cuiseur à riz figurera une nouvelle fois en bonne place dans ce voyage culinaire, où la nourriture sert de vecteur à une réflexion sur l’assimilation culturelle, symbolisée par le choc entre les bonbons Haribo et le kimchi, une méthode traditionnelle de fermentation des légumes. Ces liens entre alimentation et identité sont par ailleurs l’occasion pour Jaha Koo de poursuivre ses recherches sur des formes hybrides combinant cuisine, écriture documentaire, vidéo, musique et robotique. F. Da.
Théâtre de la Bastille, Paris (Festival d’automne), du 9 au 14 décembre.
Nicole Garcia dans « Royan », de Marie NDiaye
Rencontre au sommet : celle de l’écrivaine Marie NDiaye et de l’actrice Nicole Garcia, dans Royan, créée au Festival d’Avignon en 2021 et reprise au théâtre La Commune d’Aubervilliers. Les ondes souples et félines de l’écriture de Marie Ndiaye saisissent les échos enfouis d’une vie de femme, professeure de français qui a cru se protéger des « effluves âcres du malheur », mais dont la tragédie remonte à la surface à l’occasion du suicide d’une de ses élèves. Nicole Garcia l’incarne magnifiquement, avec une dureté de fauve blessé, cette femme aux abois : son jeu âpre et sauvage, aux arêtes cassantes, n’a pas d’équivalent. F. Da.
Théâtre La Commune, Aubervilliers, du 11 au 15 décembre.
« Le Songe » dépouillé de Gwenaël Morin
Plus de vingt ans déjà que Gwenaël Morin décape l’art théâtral de ses colifichets pour lui redonner une urgence, une intensité, une dimension dionysiaques. Il le prouve une nouvelle fois avec ce Songe librement adapté de la pièce de Shakespeare, qui a fait la joie des nuits avignonnaises lors du Festival 2023. En nettoyant Le Songe d’une nuit d’été de la féerie qui s’y attache, en le jouant avec presque rien et en misant tout sur le jeu de quatre excellents acteurs – Virginie Colemyn, Julian Eggerickx, Barbara Jung et Grégoire Monsaingeon –, le metteur en scène retrouve toute l’acuité de cette comédie sur la folie du désir amoureux. Comme le dit le grand Will, « l’amour ne voit pas avec les yeux, mais avec l’imagination ». F. Da.
Il vous reste 87.1% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.