
La réforme du système de vote à l’occasion des 39e Victoires de la musique, diffusées en direct par France 2 depuis La Seine Musicale de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), vendredi 9 février, allait-elle se traduire dans les faits ? Accusée de longue date, et non sans raison, de favoriser le corporatisme, la procédure a été revue pour cette édition : si un collège de près de 900 professionnels de la musique sélectionne toujours les artistes nominés lors d’un premier tour, ils ne sont plus que 32 à les départager. Surtout, aucun parmi ces derniers votants ne peut être ayant droit d’une œuvre en compétition.
Cette réduction augmente potentiellement les chances que des lauréats arrivent ex aequo. Ce qui n’a pas manqué de se produire en ce qui concerne l’artiste masculin de l’année puisque l’habitué Vianney (déjà récompensé en 2016) s’est retrouvé à égalité avec Gazo, spécialisé dans la drill, une branche du hip-hop en prise sur la rue, importée de Chicago et du Royaume-Uni.
Cette première victoire décernée à l’auteur de Die a permis de rompre rapidement avec l’impression que les musiques urbaines (hip-hop et R’n’B) sont oubliées, en dépit de leur immense popularité. Cette frustration a provoqué la création d’une instance concurrente, Les Flammes, qui avait d’ailleurs sacré Gazo au Théâtre du Châtelet pour sa première édition, en mai 2023.
Aya Nakamura absente
Peu après, le rappeur belgo-congolais Damso était couronné pour ses concerts. Au bout de trois heures de remises de prix entrecoupées de chansons, la Victoire de la révélation masculine de l’année est allée à Yamê, dont le registre penche vers la variété. Puis Aya Nakamura a enfin pu obtenir le titre suprême : artiste féminine de l’année. La voix francophone la plus écoutée aujourd’hui dans le monde était repartie bredouille en 2019 comme en 2021, avant que la catégorie défunte de l’album le plus streamé n’impose statistiquement son Aya l’année suivante. Cette fois-ci, elle ne se sera pas déplacée. Calendrier surchargé ? Geste d’humeur envers un raout qu’elle n’a pas manqué de critiquer ?
Pour le reste, l’édition 2024 des Victoires de la musique se résume à un nom : Zaho de Sagazan. Il y a un peu plus d’un an, la chanteuse de 24 ans était une inconnue, en résidence au Théâtre L’Aire libre (moins de 300 places) de Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine), dans le cadre des Transmusicales de Rennes. L’héritière de Barbara et de Brel, qu’elle revisite avec de l’électro berlinoise, n’avait pas encore publié La Symphonie des éclairs, un premier album qui lui a permis de l’emporter quatre fois sur cinq nominations.
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