« Le Débarquement », de Nicolas Aubin
Par nature bavardes, les commémorations peuvent finir par noyer la vérité historique dans un flot d’exagérations lyriques et d’à-peu-près de circonstance. C’est donc à point nommé que les éditions Perrin publient ce Débarquement, de l’historien Nicolas Aubin, collaborateur du magazine Guerres & Histoire, dans la salubre collection « Vérités et légendes ». Les « petits arrangements concoctés dans l’espoir d’idéaliser, de couvrir, de réhabiliter, d’édifier » en prennent pour leur grade, quand bien même l’auteur, loin de s’abandonner à l’excès inverse, donne toute leur mesure à l’héroïsme des combattants et à la justesse stratégique de leurs chefs. Nul besoin en effet de croire que le 6 juin 1944 a été « une étape décisive » de la guerre – l’Allemagne nazie était déjà profondément affaiblie – pour reconnaître qu’elle a joué un rôle-clé en hâtant la victoire et en permettant au monde libre d’organiser le retour à la paix, face à l’URSS. Inutile aussi de défendre les bombardements alliés massifs, peu efficaces en réalité : il n’empêche, les choix tactiques principaux ont été les bons. Ou de survaloriser l’action de la Résistance, qui a fait ce qu’elle pouvait pour faciliter le Débarquement, mais pouvait peu : cela n’enlève rien à la grandeur de ceux qui, comme les soldats débarquant sur les plages normandes, ont sacrifié leur vie à la libération de l’Europe. Fl. Go
« Le Débarquement », de Nicolas Aubin, Perrin, « Vérités et légendes », 300 p., 13 €, numérique 9 €.
« Le Débarquement. Son histoire par l’infographie », d’Olivier Wieviorka et Cyriac Allard
Avant les plages de Normandie, « Overlord » a remporté ses premières victoires dans des usines, sur des rails, dans des ports, à chaque étape de la gigantesque circulation d’hommes et de matériel à travers les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, comme sur les milliers de bâtiments sillonnant l’océan Atlantique. Des opérations, tel le débarquement en Provence, ont été retardées. Les Britanniques ont dû renoncer à 500 000 tonnes d’importations. Les industriels, revoir leurs procédures pour multiplier leur productivité en quelques mois. Le Débarquement, plus grande opération militaire aéronavale de l’histoire, a reposé sur une mobilisation économique elle-même sans précédent, dont le succès est jusqu’au bout resté incertain. Cette réalité est l’une des nombreuses dimensions de la bataille de Normandie que détaille minutieusement ce volume, nouvelle version d’Histoire du Débarquement en Normandie, de l’historien Olivier Wieviorka (Seuil, 2007), enrichie par le designer graphique Cyriac Allard de dizaines d’infographies et de documents offrant un accès aisé, quasi immédiat, à la complexité labyrinthique de l’événement, des préparatifs à la victoire finale. Fl. Go
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