En quête de nourriture, les habitants du camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, ont dû rebrousser chemin, mercredi 20 mars. « Les distributions d’aides sont annulées à la suite de l’impossibilité d’assurer la sécurité et après que des martyrs sont tombés », pouvaient-ils lire sur une affiche placardée sur le portail d’une école, qui sert de point de distribution de vivres.
La veille, en début de soirée, plusieurs dizaines de volontaires et de fonctionnaires du gouvernement s’étaient rassemblés sur la route Salah Al-Din, l’une des deux grandes artères qui traversent le territoire palestinien, pour sécuriser et escorter un convoi d’aide humanitaire, empruntant la voie pour se diriger vers Jabaliya et le nord de la bande de Gaza. Le groupe, membre de « comités populaires de protection » organisés par une « assemblée des familles et des clans du nord » – qui regroupe des notables et des chefs des grandes familles du territoire –, était parvenu, la semaine dernière, à faire escorter deux convois de dix-huit camions vers cette zone avec l’aide de la police locale.
En début de soirée, alors qu’ils attendaient le passage de nouveaux véhicules au « rond-point du Koweït », porte d’entrée de la ville de Gaza, ils ont été visés par un raid aérien qui a tué vingt-trois personnes. Parmi eux, Amjad Hathat, directeur de la cellule de crise de l’est de la ville, ou encore Mahdi Abdel, professeur de mathématiques qui s’était porté volontaire pour coordonner ces comités, mis sur pied pour protéger les convois. Dans le camp de Jabaliya, c’est l’entrepôt de l’UNRWA, la principale agence des Nations unies à Gaza, qui a été visé mercredi. Après ces bombardements, l’assemblée des familles et des clans a condamné une « attaque délibérée, destinée à installer un état de chaos à Gaza et dans le Nord, et à empêcher la distribution de nourriture aux gens qui en ont le plus besoin, aujourd’hui ».
« Activités terroristes »
Dans la soirée du jeudi 14 mars, l’attente du passage de camions au « rond-point du Koweït », où plusieurs centaines de Gazaouis étaient rassemblés, avait viré au bain de sang : plus de vingt habitants ont été tués par des tirs des forces israéliennes, selon les autorités locales. Le 29 février, un carnage similaire, lors de ce qui a été appelé le « massacre de la farine », avait coûté la vie à plus d’une centaine de personnes. C’est pour éviter la survenue d’un nouveau drame que ces comités ont été mis en place. Créés avec l’assentiment du mouvement islamiste, ils semblent payer, aujourd’hui, cette proximité.
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