Ce lundi 29 janvier, dans la salle des fêtes du Palais de la Porte-Dorée, Constance Rivière, 43 ans, directrice générale de l’établissement, fait mouche. Devant un parterre d’invités du monde de la culture, conviés aux vœux de Rachida Dati, elle donne lecture d’une lettre datant de 1987 adressée à René Han, président de FR3 : « Permettez-moi de vous écrire pour une faveur. Je suis d’origine marocaine, âgée de 21 ans et étudiante en sciences économiques. Je suis l’aînée d’une famille de onze enfants dont le père est ouvrier et la mère sans profession. J’aimerais que vous exauciez mon vœu le plus cher : présenter une partie de l’émission, “Mosaïques”. »
Cette lettre est signée de la nouvelle ministre de la culture. Elle a été retrouvée dans un lot d’archives conservées par le palais ; celles de l’émission « Mosaïques », consacrée aux cultures de l’immigration. Rachida Dati se souvenait de son courrier mais pas de son contenu. En l’entendant résonner dans ce lieu, la ministre dit avoir été remuée : « Ça m’a renvoyée à mon parcours avec beaucoup d’émotion, car c’était une émission que je regardais avec mes parents. Cette émission était une fenêtre sur leur histoire et donc sur la mienne ! »
Si on a davantage parlé de cette lettre à Constance Rivière que du début de son discours, plus politique, elle y voit la confirmation de son projet pour l’exposition permanente du musée, inaugurée au printemps. « L’un de ses enjeux est de mêler l’histoire de l’immigration – avec des données scientifiques – et des histoires plus intimes et personnelles. » A la tête du Palais de la Porte-Dorée depuis septembre 2022, elle a tout de suite accepté la proposition du cabinet de Rachida Dati d’organiser les vœux de la ministre chez elle, y voyant une occasion de mettre ce musée en lumière.
« L’art est de nature xénophile »
Dans cette salle des fêtes, la toute nouvelle ministre, dont la nomination avait interloqué une grande partie des professionnels de la culture, a fait l’unanimité : salle comble et applaudissements nourris. Constance Rivière, dans son discours d’accueil, a rappelé diplomatiquement que, au Palais de la Porte-Dorée, « les questions contemporaines qui agitent notre jeunesse sont partout » et a souligné que « l’art est de nature xénophile ».
Un message qui semblait adressé directement au gouvernement après des mois de controverse autour de la loi relative à l’immigration ». De l’immigration, Constance Rivière dit qu’elle « est une part intégrante de notre histoire et une chance ». Elle cite le décret de 2007 créant l’établissement qui stipule que sa mission est de « faire évoluer les regards et les mentalités sur l’immigration en France ». « Le musée n’a pas à porter de parole militante. Mais il peut être un lieu d’accueil de paroles militantes », souligne-t-elle.
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