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Au Soudan, les paramilitaires accusés de nouveaux massacres de civils

by Marko Florentino
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Des militants prodémocratie au Soudan ont fait état vendredi 7 juin d’environ quarante civils tués par de « violents tirs d’artillerie » des paramilitaires sur des quartiers d’Omdourman, près de Khartoum. Le « comité de résistance de Karari », du nom d’un des quartiers d’Omdourman, dans la banlieue nord-ouest de la capitale, impute les frappes d’artillerie menées jeudi aux Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l’armée soudanaise depuis avril 2023.

« Jusqu’à maintenant, le nombre de morts est estimé à quarante citoyens, et il y a plus de cinquante blessés, certains grièvement », souligne dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux le comité, un de ces nombreux réseaux de militants organisant l’entraide entre habitants, et qui ont fleuri ces dernières années.

« Il n’y a pas encore de décompte précis du nombre de victimes à Omdourman », ajoute le comité, qui précisait que les tirs ont notamment touché « des quartiers résidentiels » dans le secteur de Karari. « La plupart des morts sont arrivés à l’hôpital universitaire Al-Nao, les autres dans des hôpitaux privés ou alors ils ont été enterrés par leurs familles », précise-t-il.

A travers le pays, et même dans la capitale, les combats se poursuivent quotidiennement entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane et les paramilitaires des FSR, sous la houlette du général Mohammed Hamdan Daglo. Rapportant des combats avec l’armée sur le pont Halfaya, reliant Khartoum-Nord à Omdourman, les FSR assuraient jeudi sur leur compte X « être prêts à détruire les bastions terroristes » à Karari, en allusion à leurs adversaires.

Les Etats-Unis dénoncent un « horrible » massacre

En un peu plus d’un an, la guerre opposant les deux généraux rivaux en lutte pour le pouvoir au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, certaines estimations allant même jusqu’à « 150 000 » victimes, selon l’émissaire américain pour le Soudan, Tom Perriello.

Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre, notamment de viser les civils, de bombarder sans discernement des zones résidentielles et de se livrer à des pillages ou de bloquer l’aide humanitaire vitale. Mercredi, les paramilitaires des FSR ont aussi été accusés par des militants prodémocratie d’avoir mené une attaque sanglante contre un village du centre du Soudan.

Une centaine de personnes, parmi lesquelles au moins trente-cinq enfants, ont été tuées dans le village de Wad Al-Noura, dans l’Etat d’Al-Jazirah. Washington a condamné vendredi un « horrible » massacre « contre des civils sans armes », exigeant que les paramilitaires « rendent des comptes », selon un communiqué du département d’Etat.

Les militants du « comité de résistance de Madani » avaient diffusé des images sur les réseaux sociaux montrant une rangée de linceuls blancs disposés sur un terrain. « Les images qui nous parviennent de Wad Al-Noura brisent le cœur », a déploré jeudi la coordinatrice humanitaire de l’ONU dans le pays, Clémentine Nkweta-Salami. « La tragédie humaine est devenue une caractéristique de la vie au Soudan », a-t-elle regretté sur X, ajoutant : « Les combats et l’usage d’armes explosives dans des zones densément peuplées doivent être évités à tout prix. Les civils ne doivent jamais être des cibles. »

Des attaques « inacceptables »

Accusés de pillages, mais aussi de violences sexuelles et ethniques, les FSR ont assiégé et attaqué à plusieurs reprises des villages entiers à travers le pays. Dans un communiqué, les paramilitaires avaient déclaré avoir attaqué trois camps de l’armée dans la région de Wad Al-Noura et s’être heurtés à leurs rivaux « en dehors » de la zone habitée.

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Jeudi, le chef de l’armée, le général Al-Bourhane, s’est rendu au chevet des blessés. Dans un communiqué, il a promis de « répliquer durement [aux] crimes » des FSR. « Les attaques sur les civils et sur les infrastructures civiles sont inacceptables », avait de son côté réagi la directrice exécutive de l’Unicef, Catherine Russell, évoquant la mort d’au moins trente-cinq enfants à Wad Al-Noura, et faisant état de vingt autres blessés.

Dans un pays comptant avant la guerre environ 48 millions d’habitants, quelque 18 millions de personnes souffrent de la faim et 3,6 millions d’enfants de malnutrition aiguë, selon les agences de l’ONU.

Le Monde avec AFP

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