Donald Trump, décidé à étrangler économiquement le Venezuela, a annoncé, lundi 24 mars, que tout pays achetant du gaz ou du pétrole vénézuélien serait frappé à partir du 2 avril de droits de douane de 25 % sur toutes ses marchandises entrant aux Etats-Unis. Le président américain, qui multiplie les expulsions de migrants venus de ce pays, a justifié la mise en place de ces droits de douane en écrivant sur son réseau Truth Social que Caracas était « très hostile » aux Etats-Unis.
Selon le décret signé par le républicain, ces taxes punitives visent les acheteurs directs et indirects – via des intermédiaires – de pétrole vénézuélien. Il n’est en revanche pas fait mention des achats de gaz.
Le Venezuela a dénoncé une « nouvelle agression » dans un communiqué, alors qu’en soirée le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a lancé à la télévision nationale : « [Les Etats-Unis] peuvent sanctionner et imposer des droits de douane sur tout ce qu’ils veulent, mais ils ne peuvent pas sanctionner l’amour et le patriotisme du peuple vénézuélien ».
Droits de douane « réciproques »
Afin d’accentuer la pression sur Caracas, M. Trump avait déjà annoncé avoir mis fin à la licence permettant au géant pétrolier américain Chevron d’opérer au Venezuela mais le groupe a obtenu, lundi, auprès du département du Trésor une prolongation de son permis jusqu’au 27 mai, selon des documents que l’Agence France-Presse a pu consulter.
Ces nouveaux droits de douane visant les acheteurs de pétrole vénézuélien pourraient en particulier toucher l’Inde et la Chine, déjà dans le viseur du gouvernement américain, et viendront « s’ajouter à ceux qui existent déjà, c’est en plus », a précisé Donald Trump lundi, s’exprimant depuis le bureau Ovale. La Chine importe en effet quotidiennement 240 millions de barils de brut vénézuélien, l’Inde en faisant venir nettement moins. Les Etats-Unis sont cependant le deuxième client, avec 70 millions de barils quotidiens.
Selon le décret, les surtaxes annoncées lundi pourraient être levées « un an après la dernière date à laquelle le pays a importé du pétrole vénézuélien, ou à une date antérieure », si Washington le décide.
Ces taxes punitives doivent entrer en vigueur le même jour que les droits de douane « réciproques » que Donald Trump a promis d’infliger tous azimuts aux partenaires commerciaux des Etats-Unis. Les marchés s’attendent à ce qu’ils soient moins importants qu’annoncés, se concentrant sur les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, avec des exemptions potentielles sur certains secteurs.
Arme universelle
Le milliardaire républicain a fait des droits de douane la pierre angulaire de sa politique économique, sociale, et même diplomatique. Dans l’esprit de l’ancien promoteur immobilier, les taxes douanières sont une arme universelle permettant à la fois de réindustrialiser les Etats-Unis, de réduire le déficit commercial, de résorber le déficit budgétaire, de doper l’emploi et d’établir un rapport de force plus favorable à Washington sur la scène internationale.
Le Monde Mémorable
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Découvrir
Après les avoir utilisées brièvement à l’encontre de la Colombie pour forcer le pays sud-américain à accepter le retour de migrants entrés illégalement aux Etats-Unis, il les a employés contre le Canada et le Mexique pour les inciter à lutter plus efficacement contre le trafic de fentanyl, un puissant opioïde ayant causé une grave crise sanitaire aux Etats-Unis. Il avait finalement suspendu une grande part des 25 % appliqués aux produits canadiens et mexicains, alors que les échanges avec les deux pays profitent théoriquement d’un accord de libre-échange tripartite (ACEUM) que le président américain avait négocié et signé durant son premier mandat.
Donald Trump a, en revanche, imposé, pour les mêmes raisons, 20 % de points de pourcentage sur les produits chinois, qui viennent s’ajouter à ceux qui étaient déjà en vigueur avant son retour à la Maison Blanche, à la fin de janvier.
Le président américain a aussi imposé 25 % sur l’ensemble des importations d’acier et d’aluminium entrant dans le pays, cette fois pour protéger l’industrie sidérurgique américaine de la concurrence étrangère, en particulier asiatique.