En 1960, candidat à la présidence des Etats-Unis, John Fitzgerald Kennedy s’estime tenu de rassurer la majorité protestante du pays. Devant l’association des pasteurs de Houston, il prononce un long discours au message tout sauf évident : catholique, il n’en est pas moins patriote. Soixante-cinq ans plus tard, quand James David Vance accède à la vice-présidence du pays, il brandit son catholicisme comme un étendard, allant jusqu’à faire de sa foi une composante de la guerre culturelle lancée par l’administration Trump et le monde MAGA (Make America Great Again). Ce n’est donc pas un hasard s’il a choisi les célébrations de Pâques pour se rendre à Rome.
Le chemin parcouru par la société américaine est aussi impressionnant que celui de J. D. Vance est sinueux. Adolescent, celui qui s’appelle encore James Donald Bowman fréquente avec ferveur la congrégation évangélique baptiste de son père. Du catholicisme, il ne sait rien ou presque. Elevé dans une famille défavorisée de la Rust Belt (« ceinture de la rouille »), cette région du nord-est des Etats-Unis minée par la désindustrialisation, il imagine le « Jésus catholique » comme une « divinité majestueuse » réservée aux privilégiés, confiera-t-il dans un long texte retraçant son cheminement spirituel, publié en 2020 dans la revue catholique The Lamp sous le titre « Comment j’ai rejoint la résistance ». Or, écrit-il, lui et ses proches ne s’intéressaient pas aux « divinités majestueuses » car ils « n’étaient pas un peuple majestueux ».
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