Tout commencera le 5 novembre. Jamais les suites d’un scrutin présidentiel, aux Etats-Unis, n’ont suscité autant d’inquiétudes en amont. Alors que l’issue de la course entre Kamala Harris et Donald Trump demeure incertaine, une prévision fait l’unanimité. En cas de défaite, le camp de l’ancien président a préparé une opération inédite de contestation des résultats. On sait à quoi s’attendre : annonce précipitée et sans fondement de la victoire du républicain, possibles blocages locaux par ses partisans de la certification des résultats, guérilla judiciaire à fronts multiples, voire violences causées par des groupes ou des individus isolés. Le cauchemar ne serait pas un grand « 6 janvier » centralisé, à l’instar de l’assaut contre le Capitole en 2021, mais une prolifération de petits « 6 janvier ».
Une différence existe par rapport à ce sombre précédent. L’arrestation de près de 1 300 personnes pour cet assaut et les peines de prison parfois lourdes prononcées contre des milices armées, comme les Oath Keepers ou les Proud Boys, ont un certain effet dissuasif. En outre, les autorités fédérales et locales sont prêtes, cette fois. Ces scénarios du pire ont motivé des mesures de sécurité exceptionnelles pour protéger les commissions électorales locales. Des rues seront fermées, les patrouilles de police renforcées. Par endroits, comme dans le comté de Maricopa (Arizona), des snipers veilleront sur le toit du bâtiment, le 5 novembre. Les volontaires chargés du dépouillement ont aussi des procédures d’alerte par SMS ou talkies-walkies, en cas de troubles.
Néanmoins, le processus de dépouillement demeure fragile, d’autant que les règles ne sont pas unifiées entre les Etats. Trois chercheurs du centre de réflexion Brookings Institution, Norman Eisen, Samara Angel et Clare Boone, ont identifié cinquante comtés sensibles dans les sept Etats-pivots. Selon eux, onze sont considérés comme particulièrement explosifs, en Arizona, en Géorgie, dans le Nevada et en Pennsylvanie. Les premiers incidents ont déjà débuté. Lundi 28 octobre, deux urnes recueillant les votes anticipés par courrier ont été incendiées à Portland (Oregon) et à Vancouver (Washington).
Le cancer du soupçon
Un constat s’impose : un cancer ronge la démocratie américaine, celui du soupçon. Il se développe de plateau en micro, de podcast en site, de meeting en réseau social. Outre les ingérences extérieures, telles les opérations de désinformation russes, il bénéficie depuis quatre ans d’un promoteur infatigable : Donald Trump.
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