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en Russie, la militarisation à marche forcée de l’éducation

by Marko Florentino
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Visite d’écoliers au musée de la Victoire, à Moscou, le 16 février 2023.

« Schizophrénie. » Le diagnostic vaut ce qu’il vaut, mais c’est la principale intéressée qui le pose. Kristina, qui ne veut pas donner son nom complet, a deux enfants scolarisés à Saint-Pétersbourg, et c’est ainsi qu’elle définit son rapport à l’école. « Quand mes enfants rentrent de cours, raconte-t-elle, après certaines leçons, je les mets en garde sur le fait qu’il ne faut pas prendre au sérieux ce qu’on leur a raconté, que ce sont des bêtises… Puis mes propres mots tournent dans ma tête pendant une heure. Je les rappelle et je leur dis de ne surtout pas répéter à l’école ce que je viens de leur dire, ou tout ce qu’ils entendent à la maison… »

Les exemples viennent quasi quotidiennement valider cette stratégie, et pas seulement à l’école (qui va, en Russie, de la première à la onzième classe, soit de 6-7 ans jusqu’à 17-18 ans). Le dernier en date concerne… un jardin d’enfants. Le 11 février, dans la région d’Irkoutsk (Sibérie centrale), une mère de famille a été condamnée à payer une amende de 35 000 roubles (355 euros) pour « discréditation de l’armée », après être venue dans l’établissement de son fils se plaindre de l’abondance de jouets évoquant des thématiques militaires.

Selon elle, une éducatrice lui aurait répondu que les jardins d’enfants se devaient de « proposer une éducation patriotique et d’expliquer aux enfants qu’ils ne doivent pas craindre de mourir pour leur patrie ». Le tribunal a préféré retenir la version de l’éducatrice, selon qui la mère aurait critiqué « l’opération militaire spéciale » en Ukraine « en regardant le portrait du président Poutine ».

Deux ans de guerre n’ont pas suffi à chambouler les fondements de la société russe. Le choc de la mobilisation a été absorbé ; l’économie a tenu ; les mécontents se taisent ; le poison de la violence est à effet lent… Mais, s’il est un domaine dans lequel le 24 février 2022 constitue un tournant, c’est bien celui de l’éducation.

Dès le début du conflit, le ton avait été donné, avec la multiplication des mises en scène utilisant les enfants, notamment autour de la lettre latine « Z », propulsée emblème de l’invasion. Enfants des écoles ou des jardins d’enfants multiplient les flashmobs ou les imitations de défilés militaires. Cette militarisation de l’école, avec l’apparition d’uniformes et d’armes factices, dépasse les pratiques admises à l’époque soviétique ; il s’agit surtout, pour les adultes, de prouver leur loyauté.

« Discussions sur l’essentiel »

Le vrai travail à destination des enfants va ainsi s’effectuer de manière plus insidieuse et sur la durée, même si les bases avaient été posées dès 2014, notamment s’agissant de la diabolisation de l’Ukraine. Des supports éducatifs adaptés à l’« opération spéciale » sont rapidement introduits. Dès le 8 mars, une vidéo de quarante minutes baptisée « Pourquoi la mission de libération de l’Ukraine est une nécessité » est proposée simultanément à 20 millions d’écoliers.

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