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En Syrie, Alep, deuxième ville du pays, échappe au contrôle du régime, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme

by Marko Florentino
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Des combattants rebelles célèbrent la prise de la ville, à Alep (Syrie), le 1ᵉʳ décembre 2024.

Alep, la deuxième ville de Syrie, n’est plus sous le contrôle du régime de Bachar Al-Assad, a annoncé, dimanche 1er décembre, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), quatre jours après le début d’une offensive éclair menée par une coalition de groupes hostiles au régime, emmenée par les islamistes radicaux de Hayat Tahrir Al-Cham (Organisation de libération du Levant, HTC).

Ces groupes rebelles « contrôlent la ville d’Alep, à l’exception des quartiers contrôlés par les forces kurdes », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Rami Abdel-Rahmane, le directeur cette ONG située au Royaume-Uni, qui dispose d’un vaste réseau de sources sur place. « Pour la première fois depuis le début du conflit en 2011, Alep est hors de contrôle des forces du régime syrien. »

Face à cette menace, Moscou a apporté son soutien à l’armée syrienne : « L’armée arabe syrienne, avec l’aide des forces aérospatiales russes, poursuit son opération visant à repousser l’agression terroriste dans les provinces d’Idlib, de Hama et d’Alep », a déclaré l’armée russe dans un communiqué publié sur son site internet. « Au cours de la journée écoulée, des frappes de missiles et des bombardements ont été effectués sur des lieux où des militants et des équipements étaient rassemblés », a ajouté l’armée russe. Au moins « 320 militants ont été éliminés », a-t-elle souligné. La Russie a annoncé plus tôt cette semaine qu’elle bombardait des cibles rebelles dans le pays.

Les combattants rebelles avaient lancé mercredi une offensive contre les forces du régime de Bachar Al-Assad, soutenues par la Russie et l’Iran, dans le nord-ouest de la Syrie, s’emparant de dizaines de localités avant de parvenir jusqu’à Alep, le poumon économique du pays. Plus de 370 personnes au total ont été tuées, selon l’OSDH.

L’ONG a fait état dimanche de huit morts, tous des civils, parmi lesquels figurent deux enfants et une femme, et de 50 blessés, après des bombardements de l’aviation russe dans l’un des camps de déplacés d’Idlib, bastion des groupes rebelles. Elle avait auparavant signalé la mort de cinq personnes dans d’autres frappes russes près de l’université d’Alep, sans préciser s’il s’agissait de civils ou de combattants.

Ces combats sont les premiers de cette ampleur depuis 2020 en Syrie, où la guerre civile déclenchée en 2011, impliquant des belligérants soutenus par différentes puissances régionales et internationales, et des groupes rebelles, a laissé un pays morcelé en différentes zones d’influence.

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Des dizaines de localités aux mains des rebelles

Avec l’appui militaire crucial de la Russie et de l’Iran, le régime de Bachar Al-Assad avait lancé, en 2015, une contre-offensive qui lui avait permis de reprendre progressivement le contrôle d’une grande partie du pays, et, en 2016, la totalité de la cité d’Alep. Un cessez-le-feu parrainé par Moscou et Ankara avait permis en 2020 d’instaurer un calme précaire dans le nord-ouest du pays. L’offensive lancée mercredi a fait voler en éclat cette trêve.

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Le HTC et des factions rebelles syriennes, certaines soutenues par la Turquie, ont lancé l’offensive mercredi depuis la région d’Idlib, voisine de celle d’Alep, leur dernier bastion échappant au régime. Ils sont entrés vendredi à Alep, atteignant sa citadelle historique et s’emparant de bâtiments gouvernementaux, de prisons et de l’aéroport international. L’OSDH a fait état samedi matin de raids aériens russes sur la ville, les premiers depuis 2016.

Selon l’OSDH, les rebelles ont également progressé samedi dans les provinces d’Idlib et de Hama, prenant le contrôle de « dizaines de localités stratégiques sans aucune résistance ». L’armée syrienne a renforcé son déploiement autour de la ville de Hama, dans le centre du pays, a annoncé dimanche l’OSDH.

Le ministère de la défense syrien a affirmé de son côté que les unités de l’armée avaient « renforcé leurs lignes défensives avec divers moyens de feu, équipements et effectifs », et combattu « les groupes terroristes » pour empêcher toute avancée, tandis que le président syrien a promis dimanche d’utiliser la « force » pour éradiquer le « terrorisme ».

« De graves implications pour la paix régionale »

Le régime syrien a reçu, dimanche, le soutien de l’Iran, son allié indéfectible. Bachar Al-Assad a souligné, en recevant le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghtchi, l’importance du « soutien des alliés » pour « faire face aux attaques terroristes », a rapporté la présidence syrienne. « Nous soutenons fermement l’armée et le gouvernement en Syrie. (…) L’armée syrienne vaincra à nouveau ces groupes terroristes comme par le passé », a assuré le chef de la diplomatie iranienne, cité par l’agence officielle IRNA, avant son départ pour Damas. Depuis le début de la guerre civile, Téhéran est engagé militairement en Syrie, avec l’envoi de conseillers, à la demande des autorités locales, pour soutenir Bachar Al-Assad. Téhéran a appelé samedi à une « coordination » avec Moscou face à cette offensive.

Dans le même temps, les Etats-Unis, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont appelé dimanche, dans un communiqué conjoint, « toutes les parties à la désescalade et à la protection des civils et des infrastructures afin d’éviter de nouveaux déplacements et la perturbation de l’acheminement de l’aide humanitaire ». Ils ont ajouté que l’« escalade » du conflit soulignait « la nécessité urgente » d’une « solution politique ».

La Maison Blanche a aussi jugé que le régime syrien subissait les conséquences de « son refus » de s’engager dans un dialogue politique et de sa « dépendance à la Russie et à l’Iran ». Le roi Abdallah II de Jordanie a déclaré se tenir « aux côtés » de la Syrie, affirmant son soutien à « son intégrité territoriale, à sa souveraineté et à sa stabilité ».

Les combats qui se déroulent en Syrie « ont de graves implications pour la paix régionale et internationale », a lui affirmé l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Otto Pedersen. « Ce que nous voyons aujourd’hui en Syrie est le signe d’un échec collectif à mettre en œuvre ce qui est manifestement nécessaire depuis de nombreuses années : un véritable processus politique pour mettre en œuvre la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité », a-t-il souligné dans un communiqué, appelant les parties prenantes syriennes et les acteurs internationaux à « s’engager sérieusement » dans des négociations pour trouver une issue au conflit et éviter les effusions de sang.

Le HTC et les rebelles, qui ont instauré un couvre-feu de vingt-quatre heures à Alep (jusqu’à 17 heures dimanche), contrôlent désormais des pans entiers de la province d’Idlib, ainsi que des secteurs des provinces d’Alep, de Hama et de Lattaquié.

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Actions des forces pro turques dans le nord de la Syrie

Pour leur part, les Kurdes de Syrie ont instauré une administration autonome dotée d’une force militaire dans de vastes régions du nord-est du pays. Plusieurs districts du nord d’Alep sont peuplés en majorité de Kurdes syriens placés sous l’autorité des Unités de protection du peuple (YPG), principale composante des Forces démocratiques syriennes (FDS), la branche armée de l’administration autonome soutenue par les Etats-Unis.

Des groupes pro turcs ont pris dimanche la ville stratégique de Tal Rifaat et de villages environnants, à une vingtaine de km de la frontière turque, dans le nord de la Syrie, qui était aux mains des forces kurdes, a annoncé l’OSDH.

Tal Rifaat se trouve dans une enclave contrôlée par les forces kurdes, entourée de régions tenues par des groupes pro turcs et l’armée syrienne. Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait menacé à plusieurs reprises d’une offensive contre cette enclave.

L’armée turque avait appelé vendredi à mettre « fin » aux « attaques » sur Idlib après des raids russes et syriens.

Anthony Blinken, le secrétaire d’Etat américain a appelé dimanche le ministre des affaires étrangères turc pour évoquer « la nécessité d’une désescalade » en Syrie . Lors de cet entretien, Anthony Blinken a souligné auprès de son homologue turc, Hakan Fidan, « la nécessité d’une désescalade et de la protection des vies civiles et des infrastructures », selon un communiqué du département d’Etat américain.

Le Monde

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