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« Il est redevenu légitime de financer le secteur de la défense »

by Marko Florentino
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Guillaume Faury, président exécutif du groupe Airbus, dans les locaux de l’entreprise à Paris, le 21 mars 2024.

Le patron d’Airbus, Guillaume Faury, dirige un groupe qui ne se contente pas d’être le numéro un mondial de l’aviation civile. Il est aussi un acteur-clé, en Europe, du spatial et de la défense. Entretien à l’heure où la guerre aux frontières de l’UE soulève des questions cruciales en matière de souveraineté européenne.

Après deux ans de guerre en Ukraine, quels enseignements avez-vous tirés de ce conflit, pour Airbus et plus largement les industriels de la défense ?

Nous sommes clairement entrés dans un nouveau cycle, où beaucoup de choses ont commencé à changer. Les budgets de défense, qui avaient baissé durant quarante ans, se redressent, même si l’équation budgétaire est plus difficile à résoudre en sortie de crise sanitaire. La défense retrouve la place qu’elle aurait dû garder pour offrir des garanties de souveraineté, d’indépendance et de prospérité. Nous ne sommes plus dans des débats exotiques, au niveau européen, pour savoir si la défense est « durable ». Les faits s’imposent à nous, avec un pays proche, puissant et agressif qui remet au centre la nécessité d’être capables de se défendre. Nous voyons les grandes institutions financières discuter entre elles, mais aussi les banques privées, pour inverser le cours d’un désengagement qui était une anomalie. Il est redevenu légitime de financer le secteur de la défense.

Le 5 mars, la Commission a incité les Vingt-Sept à investir et à faire des achats en commun pour réduire la dépendance vis-à-vis des Etats-Unis et renforcer la souveraineté. Ces initiatives sont-elles crédibles et suffisantes ?

Il faut reconnaître à l’Europe ses efforts pour créer un cadre pour faire plus de coopération. Ce qui a été présenté va dans la bonne direction, et j’espère que les pays vont s’en saisir pour des projets communs. Mais il y a des contraintes budgétaires, une priorité donnée aux munitions et à l’artillerie à court terme, et de nouveaux champs de bataille (cyber, espace…) à intégrer. La défense relève de la seule responsabilité des Etats. L’Europe ne peut pas décider pour les autres. J’ajoute que les programmes lancés doivent réussir.

Précisément, le Système de combat aérien du futur (SCAF) n’est-il pas menacé par des projets concurrents ?

Il a fallu des efforts considérables pour bâtir les sept piliers du SCAF (avion, drones, moteurs, cloud de combat…), mais celui-ci n’entrera en service qu’à l’horizon 2040. Il faut donc continuer à soutenir les capacités existantes et l’évolution des avions de combat en service comme le Rafale ou l’Eurofighter. Ce faisant, il faut continuer de protéger le financement des phases ultérieures du SCAF, sans quoi il y aura un problème. Au lieu de construire l’Europe de la défense, on continuerait de la fragmenter, comme on l’a fait avec le Rafale, l’Eurofighter et le Gripen suédois. Un moment viendra peut-être où de nouveaux partenaires rejoindront le SCAF [un projet franco-germano-espagnol], ou le programme GCAP [Royaume-Uni-Italie-Japon].

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