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A 30 ans, la chanteuse a déjà trouvé une place sur la scène française. Elle a fini deuxième à l’Eurovision en 2021 avec le titre Voilà et obtenu une Victoire de la musique en 2022. Connue pour ses textes féministes, Barbara Pravi a également joué plusieurs rôles au cinéma. Comme chaque 8 mars depuis sept ans, elle a écrit une chanson pour célébrer la Journée internationale des droits des femmes, Marianne, chantée en duo avec l’actrice Golshifteh Farahani.
Je ne serais pas arrivée là si…
… Si je n’avais pas vécu de traumatismes. Je ne me sers que de ça quand j’écris. C’est ma banque émotionnelle. J’ai été frappée pendant des années par mon premier amoureux et j’ai ensuite connu de nombreuses relations toxiques. Plus tard, j’ai subi un viol. Je n’ai pas porté plainte, car j’avais gardé un très mauvais souvenir d’une main courante déposée dans un commissariat face à des policiers qui me posaient des questions choquantes. Je ne voulais pas me replonger dans des souvenirs aussi douloureux et voir ma parole mise en doute. Le simple fait que ça soit débattu me semblait insupportable. Ce qui m’est arrivé m’a demandé un tel boulot de reconstruction que j’ai voulu concentrer mon énergie pour faire de belles choses.
Dans vos chansons, vous parlez des agressions que vous avez subies. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur ce qu’il s’est passé ?
Le fait que le premier homme avec lequel j’ai fait l’amour était quelqu’un qui me frappait a abîmé beaucoup de choses : mon rapport à mon corps, à moi-même, aux autres, à la soumission. Je confondais tout, je pensais que c’était ça l’amour. Ça a conditionné toutes les relations que j’ai eues après, qu’elles soient privées ou professionnelles. Accepter d’être maltraitée a entamé ma confiance en moi-même. Je me sentais nulle et totalement dévalorisée. Il y a des gens que cela détruit d’être maltraités, d’autres que ça renforce. Je pense faire partie de la deuxième catégorie. J’ai parfois l’impression d’être surhumaine. Ma force, c’est ma capacité à surmonter. Mon corps reste traumatisé, mais ça ne m’a pas empêchée d’être joyeuse, de me lier, d’écouter les autres. Je sais encore ouvrir mon cœur et mes bras. Ça m’a également permis de me sentir très proche des autres femmes. Même si je considère le mot « sororité » comme galvaudé, je ressens énormément de tendresse pour les femmes.
Quelle enfance avez-vous eue ?
Nous habitions à Asnières-sur-Seine [Hauts-de-Seine], mes parents appartenaient à la classe moyenne. Ma mère est inspectrice de l’éducation nationale après avoir été professeure des écoles, mon père dirige une fondation d’éthique et de solidarité humaine. Ce sont des gens bien, avec de bonnes valeurs. Mais j’ai été une enfant très difficile. J’étais colérique, je me frappais la tête par terre, je repeignais les murs de ma chambre, je changeais les meubles de place tout le temps, j’étais complètement zinzin. Je refusais tout, un petit démon !
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