Il existe deux idées communément admises à propos de la fashion week de New York : cette semaine de la mode perd du terrain par rapport à ses concurrentes et, parmi les designers qui lui sont fidèles, Willy Chavarria propose, depuis plusieurs saisons, le défilé le plus réussi, celui qui marque les esprits. Le prochain aura lieu le 6 septembre, pour la présentation des collections printemps-été 2025.
Lors du dernier en date, organisé en février dans un entrepôt de Brooklyn éclairé à la bougie, les mannequins femmes et hommes étaient, pour la plupart, noirs ou latinos. Ils partageaient des vêtements de sport et de soirée, des pièces de haute couture et des sous-vêtements. La fantaisie des proportions évoquait les années 1980 de Claude Montana, la rigueur du tailoring était inspirée par les costumes formels mexicains des années 1930, tandis que l’abondance de tweed anglais vintage achevait de brouiller les références.
Virilité sensible, streetwear élégant, normalité singulière… Le vestiaire délicat de Willy Chavarria a le pouvoir de résoudre bien des contradictions. Sans doute grâce à la maturité stylistique de ce créateur de 57 ans. Né d’une mère irlando-américaine et d’un père mexico-américain, il grandit dans une communauté d’immigrés de la Californie rurale. Diplômé en graphisme de l’Academy of Art University de San Francisco, il bifurque vers la mode en travaillant d’abord pour une marque de caleçons. A l’orée des années 2000, il est embauché par Ralph Lauren, puis fait carrière chez Calvin Klein, qu’il quitte en 2024 pour se consacrer pleinement à la marque qui porte son nom et dont il est propriétaire avec son mari.
Lancée en 2015, celle-ci est encore petite en taille et repose sur le commerce en ligne, mais elle a déjà valu à Willy Chavarria de remporter, en 2023, le titre de « créateur pour homme de l’année » décerné par le Conseil des créateurs de mode américains (CFDA). Cette récompense a rarement été accordée à des personnes d’origine latino-américaine, encore peu présentes dans le milieu. Rencontre avec celui qui entend bien y remédier.
Comment décririez-vous votre marque ?
Elle a vocation à célébrer ceux qui la portent, à les faire se sentir bien. Quelqu’un qui achète un tee-shirt va apprécier sa coupe, sa couleur, son tissu, mais va aussi se sentir inclus dans un projet plus vaste. Que ce soit à travers les défilés, les posts Instagram, les photos dans les magazines, la marque est là pour faire entendre une voix juste, un message d’égalité.
Comment vos vêtements retranscrivent-ils cet état d’esprit ?
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