
Le mineur de 14 ans qui a tué, mardi, à coups de couteau, une surveillante de son collège à Nogent (Haute-Marne), a été mis en examen, jeudi 12 juin, pour meurtre, et a été placé en détention provisoire, selon un communiqué du parquet de Dijon.
Quentin G. a été mis en examen pour « meurtre sur une personne chargée d’une mission de service public », une circonstance aggravante. Il a, en outre, été placé sous le statut de témoin assisté pour des « violences aggravées » sur un gendarme lors de son interpellation immédiatement après les faits, a ajouté le parquet.
Après son interrogatoire de première comparution devant l’un des juges d’instruction saisis à Dijon, le mis en cause a été présenté à un juge des libertés et de la détention, qui a décidé de le placer en détention provisoire « dans le quartier pour mineurs d’une maison d’arrêt », toujours selon le parquet.
Devant le juge d’instruction, Quentin G. a « confirmé les déclarations qu’il avait faites lors de sa garde à vue », précise encore le procureur de Dijon, Olivier Caracotch. Durant ses deux jours de garde à vue, le collégien de 14 ans avait dit qu’il avait voulu tuer une surveillante, « n’importe laquelle », avait rapporté mercredi le procureur de Chaumont, Denis Devallois, dressant le portrait glaçant d’un adolescent « sans compassion », « fasciné par la violence » et « en perte de repères ».
Il avait été interpellé mardi juste après les faits, lors d’un contrôle inopiné des sacs des élèves par des gendarmes devant son établissement. Il n’a présenté, durant sa garde à vue, « aucun signe évoquant un possible trouble mental », avait aussi souligné mercredi le procureur de Chaumont.
Une marche blanche prévue pour vendredi
Antoine Chateau, l’avocat de l’adolescent, a dit dans un communiqué transmis jeudi à l’Agence France-Presse (AFP) se dissocier « de certaines affirmations faites » par le procureur de Chaumont, en insistant sur la nécessité de mener à bien des expertises psychologiques et psychiatriques « au plus tôt de l’enquête ». En raison de sa minorité, le suspect encourt une peine de vingt ans de réclusion criminelle au lieu d’une peine de prison à perpétuité.
Après deux jours de fermeture, le collège Françoise-Dolto de Nogent a rouvert ses portes jeudi, mais seulement quelques dizaines d’élèves sont revenus si rapidement après le drame, a constaté l’AFP sur place. Ils ont observé une minute de silence à midi, comme des établissements scolaires de toute la France, en hommage à Mélanie, la victime, qui était âgée de 31 ans.
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Ce temps de recueillement marque « l’expression collective d[u] refus absolu de toute forme de violence et de [la] détermination à soutenir ensemble, plus que jamais, [l’]école et ceux qui la font », a déclaré jeudi la ministre de l’éducation nationale, Elisabeth Borne.
Une cellule psychologique a été mise en place au collège Françoise-Dolto, et sera activée au moins jusqu’à la fin de la semaine, a précisé le rectorat. Les proches de la victime ont annoncé une marche blanche au départ du collège de Nogent, vendredi à 18 heures. La Fédération syndicale unitaire (FSU) a également prévu un rassemblement silencieux à 17 h 30, place de la mairie à Chaumont.
Le drame de Nogent a eu un énorme retentissement dans les sphères éducatives et politiques. Le président de la République, Emmanuel Macron, a déploré jeudi en conseil des ministres une « désinhibition de la violence (…) pour laquelle il va falloir évidemment apporter des solutions », a déclaré la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas.
« Face à la tristesse, à l’indignation, au choc que nous partageons, nous devons porter haut nos valeurs humanistes, notre fraternité, notre attention à chacune et chacun », a écrit la proviseure d’un lycée parisien dans un message destiné à l’ensemble de sa communauté scolaire consulté par l’AFP.
Au-delà de l’interdiction immédiate de la vente de couteaux aux mineurs, et « l’expérimentation » de portiques de sécurité voulue par le premier ministre, le camp présidentiel et la gauche préviennent que la réponse est multiple et qu’il n’y a pas de « solution magique ». La droite, elle, insiste sur « la sanction ».