
Et si c’était le bon tempo pour le gamay ? Le cépage a perdu en brio dans les années 1980, quand l’époque était friande de vins rouges opulents, charpentés et boisés, mais le revoilà en vogue au moment où le consommateur, notamment jeune, vote pour un goût plus aéré et des vins légers. Et comme en plus la qualité monte en flèche et les prix restent accessibles… Dominique Piron, président de l’AOC morgon et ancien dirigeant de l’organisme Inter Beaujolais, résume ainsi la question : « Le gamay a toujours été associé au beaujolais ainsi qu’à un vin de café, vendu en vrac, au tonneau. Mais il revient à la mode, pour son côté frais, léger, peu tannique. »
Il est vrai que le gamay, cépage roi du Beaujolais, au nord de Lyon et au sud de la Bourgogne, est méconnu, voire ignoré. Selon l’étude SoWine (2024) sur les goûts des Français en matière de cépages, dans les noms cités, le chardonnay arrive en tête (39 %), devant le pinot noir et le merlot (28 % et 27 %). Mais point de gamay.
La mise au rancart de ce cépage, réputé pour sa productivité, remonterait au XIVe siècle, quand Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, prit une ordonnance pour obliger à l’arrachage du « très mauvais et très déloyal plant, nommé gamay ». Ce vin était alors « nuisible aux hommes », « d’une grande et insupportable amertume » et, surtout, faisait concurrence au pinot noir, jugé plus qualitatif, devenu alors le cépage unique des vins rouges de Bourgogne.
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