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La crainte d’un embrasement régional montait, samedi 3 août, au Moyen-Orient, alors que la représentation de l’Iran auprès des Nations unies a dit s’attendre à ce que le Hezbollah, l’allié de la République islamique au Liban, frappe des zones situées en « profondeur » dans le territoire israélien et « ne se limite pas aux cibles militaires ».
La veille, le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué mercredi à Téhéran, a été inhumé dans un cimetière près de Doha, après un hommage rendu par des milliers de fidèles dans la capitale qatarie, où il vivait en exil.
Jurant de se venger, l’Iran, le Hamas et le Hezbollah ont accusé Israël de cet assassinat, survenu au lendemain d’une frappe ayant tué le chef militaire du mouvement islamiste libanais, Fouad Chokr, près de Beyrouth. Ces deux attaques alimentent les craintes d’une extension de la guerre entre Israël, d’une part, et l’Iran et les groupes qu’il soutient au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen, d’autre part.
L’Iran a déclaré que le Hezbollah ne devait pas « se limiter aux cibles militaires »
L’Iran a affirmé, samedi, que le Hezbollah devrait frapper Israël en « profondeur » et « ne pas se limiter aux cibles militaires », en réponse à l’assassinat du chef militaire du mouvement islamiste libanais, mardi. Fouad Chokr a été tué dans un raid aérien israélien contre un immeuble de la banlieue sud de Beyrouth, qui a fait six autres morts, dont cinq civils.
Dans un discours, jeudi, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a promis de répondre à cette « agression » contre le bastion du parti dans la capitale libanaise, faisant craindre une nouvelle escalade. Le mouvement échange des tirs presque quotidiens avec l’armée israélienne le long de la frontière israélo-libanaise depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. Il a annoncé la mort de deux de ses combattants dans des frappes qui visaient le sud du Liban et a riposté par des tirs de roquettes sur le nord de l’Etat hébreu.
« La résistance islamique a ajouté la nouvelle colonie de Beit Hillel à sa liste de cibles et l’a bombardée pour la première fois avec des dizaines de roquettes », a assuré le mouvement pro-iranien, dans un communiqué.
L’armée israélienne a de son côté assuré que « trente projectiles ont été identifiés en provenance du Liban » dans la nuit de samedi à dimanche, « la plupart d’entre eux ayant été interceptés ». « Aucun blessé n’est à déplorer », selon les forces armées, qui précisent avoir « frappé » le site du Hezbollah d’où avaient été tirés les missiles dans le sud du Liban.
Paris et Washington appellent « à la plus grande retenue »
Le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, et son homologue américain, Antony Blinken, sont convenus, samedi, d’appeler toutes les parties du Proche-Orient et du Moyen-Orient « à la plus grande retenue » pour prévenir un embrasement régional, a fait savoir le Quai d’Orsay. M. Séjourné s’est entretenu par téléphone avec M. Blinken et ils ont partagé « leurs préoccupations face à la montée des tensions » dans cette région, a rapporté Christophe Lemoine, porte-parole du ministère.
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« Ils sont convenus de continuer à appeler toutes les parties à la plus grande retenue afin de prévenir tout embrasement régional qui aurait des conséquences dévastatrices pour les pays de la région », a-t-il ajouté. Ils poursuivront également leurs efforts « conjoints » pour un cessez-le-feu « durable » à Gaza.
Cet entretien a eu lieu alors que les inquiétudes sur une possible escalade militaire au Moyen-Orient sont montées d’un cran après la multiplication des menaces de l’Iran et de ses alliés contre Israël.
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni appellent leurs ressortissants à quitter le Liban
Les appels à quitter le Liban se multipliaient, samedi, face aux craintes croissantes d’une escalade militaire entre Israël et le Hezbollah. Le gouvernement britannique a ainsi appelé ses ressortissants à quitter « maintenant » le pays du Cèdre, « tant que des liaisons commerciales restent disponibles ».
Même message côté américain : « Nous encourageons ceux qui souhaitent quitter le Liban à réserver n’importe quel billet disponible, même si ce vol ne part pas immédiatement ou ne suit pas l’itinéraire de leur choix », a signalé l’ambassade des Etats-Unis à Beyrouth.
La Suède a également appelé ses citoyens à partir et Stockholm a même fermé son ambassade à Beyrouth, samedi, demandant au personnel de se rendre à Chypre.
De leur côté, les compagnies aériennes Air France et Transavia France prolongent la suspension de leurs vols vers la capitale du Liban, en vigueur depuis le 29 juillet, jusqu’au 6 août inclus, au moins, « en raison de la situation sécuritaire », a annoncé, samedi, la maison mère, Air France-KLM. En revanche, les rotations avec Tel-Aviv « continuent » d’être assurées « normalement », a précisé, à l’Agence France-Presse (AFP), un porte-parole du groupe aérien franco-néerlandais.
Le chef du Hamas tué par « un projectile courte portée »
Le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a été assassiné par un « projectile à courte portée » tiré sur sa résidence à Téhéran dans une opération que l’Iran impute à Israël, ont annoncé, samedi, les gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique. « D’après les enquêtes et investigations, cette opération terroriste a été menée en tirant un projectile à courte portée avec une ogive d’environ 7 kg de l’extérieur du lieu d’hébergement des invités, [provoquant] une forte explosion », ont-ils déclaré, dans un communiqué publié par l’agence officielle IRNA.
Le quotidien américain The New York Times avait, lui, affirmé dans un article publié le 1er août qu’Ismaïl Haniyeh avait été tué par une bombe placée dans la maison où il séjournait à Téhéran, citant cinq sources au Moyen-Orient. La bombe a été déclenchée à distance, avaient déclaré les cinq responsables. L’explosion a également tué un garde du corps.
En Cisjordannie, neufs morts dans deux frappes israéliennes
Deux frappes israéliennes en Cisjordanie occupée ont fait au total neuf morts, a rapporté l’agence de presse palestinienne WAFa, l’armée israélienne précisant avoir visé deux « cellules terroristes » dans le cadre d’une opération de contre-terrorisme à Tulkarem.
Cinq personnes ont d’abord été tuées dans une frappe, selon WAFa, le directeur d’un hôpital et un témoin à l’AFP. D’après WAFa, un drone de l’armée israélienne a visé « avec deux missiles » un véhicule, qui a pris feu, tuant cinq hommes. De son côté, un porte-parole de l’armée israélienne a dit à l’AFP avoir « frappé cinq terroristes dans un véhicule (…) sur le point de perpétrer une attaque terroriste ».
Plus tard dans la journée, WAFa a déclaré que quatre Palestiniens avaient été tués par une autre frappe israélienne, touchant un véhicule dans lequel ils se trouvaient. L’armée a confirmé la frappe aérienne, précisant qu’« une cellule terroriste supplémentaire avait été éliminée » dans le cadre de l’opération antiterroriste dans le gouvernorat de Tulkarem.
Gaza toujours pilonnée
L’armée israélienne poursuit pendant ce temps son offensive dans la bande de Gaza, où Israël a promis de détruire le Hamas. La défense civile de l’enclave a annoncé, samedi, qu’une frappe israélienne sur un complexe scolaire situé dans la ville de Gaza avait fait au moins dix-sept morts et plusieurs blessés, l’armée signalant que le complexe servait de « cachette aux terroristes du Hamas ».
Selon la défense civile, une femme et son enfant ont aussi été tués durant la nuit par un tir israélien sur une habitation du camp d’Al-Bureij, dans le centre du territoire assiégé et ravagé par près de dix mois de guerre. L’armée a dit « continuer de démanteler les infrastructures terroristes » dans le centre et dans le secteur de Rafah (Sud), rapporte l’AFP.
L’attaque menée dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023, par le Hamas depuis la bande de Gaza, a entraîné la mort de 1 197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes. L’offensive israélienne lancée en riposte a fait jusqu’à présent 39 550 morts dans l’enclave, d’après des données du ministère de la santé du gouvernement de Gaza, qui ne donne pas d’informations sur le nombre de civils et le nombre de combattants morts.