La science est formelle : des 10 500 champions participant aux Jeux olympiques de Paris 2024, les plus dingues sont les 48 qui s’élanceront, ce jeudi 31 juillet, à la conquête des médailles de course de BMX. La discipline la plus dangereuse des Jeux olympiques (JO) d’été, selon deux études publiées dans le British Journal of Sports Medicine, réalisées après les Jeux de Rio 2016 et Tokyo 2021, avec respectivement 38 % et 27 % des participants souffrant de blessures plus ou moins graves durant la quinzaine.
Romain Mahieu et Sylvain André, deux des trois Français qui rêvent tout haut de triplé, ne le savent que trop bien, pour avoir été mêlés à la chute la plus grave des JO de Tokyo : celle de l’Américain Connor Fields, champion olympique à Rio, « sans doute le seul athlète à avoir gagné aux Jeux et failli mourir aux suivants », selon ses termes.
Les courses de BMX consistent en une succession de virages et de bosses abordées au corps-à-corps entre 50 et 60 km/h, avec un casque intégral mais parfois une simple combinaison de lycra recouvrant le corps – les autres protections sont facultatives. « Dans les chutes à haute vitesse, qui sont rares, on a une cinétique proche d’accidents de la route : ça crée de la casse », résume le médecin des équipes de France de BMX, Guillaume Bridon.
Y penser, c’est déjà perdre
Chez lui, Connor Fields a conservé sa combinaison déchirée et ouverte aux ciseaux sur le torse, l’œuvre des secouristes sur la piste. Son casque, partiellement abîmé, repose au garage, comme le racontait un reportage du New York Times deux mois après sa chute de Tokyo. Ce jour-là, le sportif est tombé sur la tête et le casque n’a pas empêché une lésion cérébrale et des conséquences durables : la fatigue, les changements d’humeur, le besoin de silence et d’obscurité. Les analyses neurologiques montraient des dommages au lobe frontal. Un mois après sa reprise de l’entraînement, malgré les préventions des médecins, Connor Fields renonçait et annonçait officiellement sa retraite en août 2022, un an après sa chute.
D’autres champions de la discipline l’avaient précédé, comme le Canadien Tory Nyhaug, qui a pris sa retraite en 2019, à 27 ans, après avoir souffert de trop nombreuses dépressions consécutives à des commotions cérébrales. Vice-champion olympique à Londres en 2012, Sam Willoughby est désormais paralysé après une chute, quatre ans plus tard. Il entraîne, de son fauteuil roulant, sa femme Alise, l’une des favorites de ces Jeux : l’histoire du couple iconique de la discipline, immortalisée par le documentaire Ride (2022), est aussi celle d’une blessure grave.
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