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Pour Fabrizio Carboni, directeur pour le Moyen-Orient du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), quand on en arrive à un tel expédient, les largages, c’est que la situation est vraiment désespérée.
Comment expliquer le drame qui a causé la mort de plus d’une centaine de Palestiniens à Gaza, le 29 février, lors d’une distribution alimentaire ? Une enquête est demandée alors que la responsabilité d’Israël est mise en cause pour des tirs sur la foule et la pénurie de nourriture dans l’enclave assiégée.
C’est un drame de plus dans une crise humanitaire qui semble être sans fin et sans fond. Un drame qui illustre cette crise. Toutes les parties ont toujours une raison, une excuse mais, au bout du compte, ce sont les civils qui en paient le prix et qui n’ont pas accès aux services essentiels. Au-delà du nombre de morts, de personnes séquestrées à Gaza et de personnes détenues par Israël, le pire dans cette crise est que même la douleur humaine est politisée. On n’arrive plus à dire qu’il y a pourtant un espace qui est hors de la politique, celui de l’humanitaire et que cet espace-là ne devrait pas être politisé, militarisé.
Y a-t-il un risque de famine dans la bande de Gaza ?
Il y a des situations de malnutrition. Les gens ne mangent pas à leur faim. C’est toujours difficile de savoir si ce sont des histoires particulières ou si elles reflètent une situation plus globale. Autour de nos bureaux dans la bande de Gaza, on voit des enfants livrés à eux-mêmes. Tout ce qui est organique est ingéré parce que c’est une source de calories. C’est terrible. Ce que le CICR a réussi à faire entrer à Gaza est totalement insuffisant. Il y a aujourd’hui un débat sur l’entrée de trois, dix ou vingt camions, mais les besoins sont infiniment supérieurs.
Il faut au minimum une désescalade des hostilités et remettre au centre certains principes humanitaires. La beauté du concept du droit des conflits armés et de l’humanitaire, quand il a été formalisé dans les conventions de Genève en 1949, était que la règle humanitaire n’était pas conditionnée à des considérations politiques ou militaires. Le deuxième concept fondateur est l’absence de réciprocité. Ce n’est pas parce que tu tues mes civils que je vais tuer les tiens. Tout cela est complètement balayé. Je ne sais pas comment rebondir après cela. Au CICR, nous continuons de manière persistante à mettre ces règles en avant mais, au bout du compte, ce sont les Etats et les parties au conflit qui les appliquent.
Les humanitaires estiment que la coordination ne fonctionne pas avec l’armée israélienne. Pourquoi ?
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