
Il s’y est pris à deux fois. Teddy Riner a enfin rejoint son idole Tadahiro Nomura au panthéon olympique. En remportant une troisième médaille d’or en individuel dans la catégorie des plus de 100 kg, le poids lourd du judo mondial égale le poids super-léger japonais, le seul titré, avant lui, trois fois en 1996, 2000 et 2004. « Je lui ai dit : “Tu ne peux pas me laisser toute seule avec trois médailles d’or” », a réagi Marie-José Pérec, avec qui il a allumé la vasque des Jeux de Paris une semaine auparavant. Vendredi 2 août, à l’Arena Champ-de-Mars, le judoka est entré encore un peu plus dans la légende du sport français. « Chaque médaille remportée a son poids dans la balance et fait de moi le plus titré de mon sport, a-t-il confié. On va envoyer un petit message à Nomura tout à l’heure. »
En finale, le Guadeloupéen s’est débarrassé du Sud-Coréen Minjong Kim, champion du monde en titre et numéro un mondial, âgé de 23 ans, grâce à un sublime o-soto-gari. « J’en ai rêvé et cauchemardé. C’est beaucoup d’heures de remise en question et d’entraînement difficile, a-t-il réagi. Je comprends maintenant pourquoi. Je suis content d’avoir réalisé ça à la maison. Depuis le temps que je voulais une belle finale olympique comme ça, je l’ai eue. »
Comme il l’avait annoncé, Riner a pris le temps de savourer ce troisième sacre. Le drapeau guadeloupéen a laissé place sur ses épaules au drapeau tricolore. Entre deux obligations médiatiques, il s’est même allongé sur le tapis.
Un aréopage de personnalités s’est agglutiné autour de l’icône. Le président de la République, Emmanuel Macron, mais aussi l’acteur Omar Sy, l’ex-basketteur Tony Parker et l’ancien judoka David Douillet (deux titres olympiques). « Etre toujours leader à 35 ans, l’exploit est là, dans sa longévité d’ascète. Avoir la patience et le mental pour supporter toutes ces années de sacrifice, c’est chaud », a salué l’ancien ministre des sports.

Ego et légèreté
Seize ans se sont écoulés depuis les débuts olympiques du prodige, débarqué comme une promesse inespérée aux Jeux de Pékin en 2008, quelques années après la retraite de Douillet. Une première participation qui lui avait servi de tour de chauffe, récompensé d’une première médaille de bronze.
L’irruption dans le paysage médiatique national de ce colosse de plus de deux mètres et d’un poids qui fluctue entre 130 et 150 kg – selon son état de forme – n’a laissé personne indifférent. Le Gargantua des tapis n’a pas seulement marqué de son empreinte sa discipline, il l’a dévorée. Au fil des ans, il a avalé les titres mondiaux – un record de onze – et les médailles olympiques – un nouveau record de six en comptant cette dernière. Teddy Riner est un champion total : hors norme par sa longévité, son palmarès, son physique et sa personnalité, tour à tour attachant, exubérant et agaçant.
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