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Après le renvoi sur le sol français d’un influenceur algérien expulsé, Paris dénonce une « humiliation » et envisage de riposter

by Marko Florentino
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Bruno Retailleau à Nantes, le 10 janvier 2025.

« L’Algérie cherche à humilier la France », a estimé vendredi 10 janvier le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, au lendemain du renvoi sur le sol français d’un influenceur algérien qui avait été expulsé vers l’Algérie après la publication d’une vidéo appelant à la violence. « Je pense qu’on a atteint avec l’Algérie un seuil extrêmement inquiétant », a ajouté le ministre, qui s’exprimait lors d’un déplacement à Nantes.

La France n’aura pas « d’autre possibilité que de riposter » si « les Algériens continuent cette posture d’escalade », a réagi vendredi le ministre des affaires étrangères français. Parmi « les leviers que nous pourrions activer » figurent « les visas (…), l’aide au développement » ou encore « un certain nombre d’autres sujets de coopération », a détaillé Jean-Noël Barrot sur la chaîne LCI, se disant « stupéfait » que les autorités algériennes aient « refusé de reprendre un de leurs ressortissants », dont le dossier est désormais « judiciarisé » en France.

Cet influenceur – surnommé « Doualemn » sur TikTok – avait été interpellé dimanche à Montpellier puis expulsé vers l’Algérie jeudi, avant donc d’être finalement renvoyé vers la France dans la soirée. Alger l’a « interdit de territoire », a expliqué une source policière à l’Agence France-Presse (AFP), confirmant une information de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, qui la tenait du ministère de l’intérieur.

Cet homme de 59 ans avait été arrêté après une vidéo publiée sur TikTok contenant un appel à la violence. Placé mardi en centre de rétention administrative à Nîmes, il avait été conduit à Paris jeudi après-midi, d’où il est parti en avion vers l’Algérie, selon son avocat, Jean-Baptiste Mousset. Mardi, le procureur de la République de Montpellier, Fabrice Belargent, avait annoncé que cet homme serait jugé le 24 février pour « provocation à commettre un crime ou un délit », sans pour autant le placer en détention provisoire ni sous contrôle judiciaire.

« Posture d’escalade »

« J’ai pris un arrêté d’expulsion et les autorités algériennes n’ont pas voulu le laisser débarquer sur le sol algérien, en contradiction totale avec les règles », a déploré M. Retailleau. « Je pense que la France ne peut pas supporter cette situation », a-t-il ajouté, appelant à « évaluer tous les moyens qui sont à notre disposition vis-à-vis de l’Algérie » pour « défendre nos intérêts ».

« Notre client fait les frais d’une action administrative particulièrement répressive », a déclaré vendredi l’un des avocats de l’influenceur, Me Jean-Baptiste Mousset, lors d’une conférence presse à Montpellier. « Nous ne souhaitons pas que les résidents algériens en France deviennent les fusibles des relations diplomatiques entre l’Algérie et la France. »

Deux autres Algériens ont été récemment interpellés, l’un à Echirolles, près de Grenoble, l’autre à Brest, pour avoir mis en ligne des contenus appelant à des actes violents, souvent contre des opposants au régime algérien.

Messages de haine

Jeudi, une tiktokeuse franco-algérienne cinquantenaire, Sofia Benlemmane, a été placée en garde à vue à Lyon pour « menaces de mort et provocation publique à la haine », a signalé à l’AFP le procureur de la République de la ville, Thierry Dran. Selon une source policière, il lui est reproché d’avoir diffusé des messages de haine et des menaces contre des internautes, et plus généralement contre toutes les personnes susceptibles de s’opposer au régime algérien, ainsi que des déclarations insultantes envers la France. Vendredi, le procureur de Lyon a fait savoir que l’enquête et la garde à vue de Mme Benlemmane allaient se poursuivre au moins jusqu’à samedi.

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Lundi, la préfecture du Rhône avait annoncé avoir effectué des signalements visant trois influenceurs de Lyon, dont Sofia Benlemmane, et deux autres tiktokeurs connus sous les pseudonymes « Abdesslam Bazooka » et « Laksas06 ».

Selon plusieurs opposants algériens en France, interrogés par l’AFP, ces messages particulièrement violents se sont intensifiés après que la France, ex-puissance coloniale, a changé de doctrine concernant le Sahara occidental. Sur cette question, Emmanuel Macron s’est aligné à la fin de juillet sur l’Espagne et les Etats-Unis, estimant que l’avenir de ce territoire s’inscrivait « dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Ce qui a entraîné un réchauffement avec Rabat et une nouvelle crise avec Alger.

Autre sujet de tension entre les deux pays, sur lequel s’est exprimé Bruno Retailleau : le sort de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, 75 ans, incarcéré depuis la mi-novembre en Algérie pour atteinte à la sûreté de l’Etat, et qui se trouve dans une unité de soins depuis la mi-décembre. « Est-ce qu’un grand pays peut s’honorer de maintenir en détention pour de mauvaises raisons quelqu’un qui est malade et âgé ? », a demandé M. Retailleau.

Appel à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968

A la suite de cette série d’événements, qui ont envenimé les relations entre l’Algérie et la France, l’ancien premier ministre Gabriel Attal a appelé à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968, qui confère un statut particulier aux Algériens en matière de circulation, de séjour et d’emploi en France, pour « poser les limites et assumer le rapport de force avec l’Algérie ».

Dans une tribune au Figaro, M. Attal estime que cet accord est « devenu une filière d’immigration à part entière » et « rend pratiquement impossible de retirer des titres de séjour aux ressortissants algériens, même pour des motifs d’ordre public ».

Face au régime algérien qui « balaie toutes nos mains tendues et ne cesse de tester notre pays », « l’heure de la fermeté a sonné », écrit le patron de Renaissance, dénonçant aussi l’arrestation en Algérie de Boualem Sansal. « La France est une grande puissance », qu’« on n’intimide pas » et qu’« on ne provoque pas sans conséquence », écrit-il encore.

Le Monde avec AFP

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